L’Accompagnement laïcal à la JMV

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JÉSUS-CHRIST, MODÈLE DU CONSEILLER


INTRODUCTION

Dans tout état de vie, la réponse libre à l’appel de Dieu a pour effet une conversion à la personne de Jésus-Christ et au Royaume du Père. Telle est la finalité de tout processus de formation dans les mouvements ecclésiaux, et c’est définitivement la finalité de la formation et de l’accompagnement dans l’Association de la Jeunesse Mariale Vincentienne [1]. De ce fait, c’est aussi la tâche la plus importante du service du conseiller ; sans cela, toutes les initiatives consisteraient à « construire sur le sable » (cf. Mt 7, 26).

Le rôle du conseiller à la JMV consiste à savoir accompagner le jeune dans cette expérience de rencontre personnelle avec Jésus-Christ, sans laquelle nul ne peut se dire chrétien, car « À l’origine du fait d’être chrétien, il n’y a pas une décision éthique ou une grande idée, mais la rencontre avec un événement, avec une Personne, qui donne à la vie un nouvel horizon et par là son orientation décisive» [2]. Le rôle du conseiller consiste à savoir accompagner les jeunes sur le chemin pour qu’ils arrivent à faire le choix du Christ comme le centre de leurs vies et la raison de leur foi, qu’ils parviennent à assumer sa proposition évangélique et qu’ils acceptent de le suivre. Suivre Jésus, c’est sentir qu’Il nous désire et, à partir de cette expérience, Le désirer à notre tour, et aspirer à la meilleure relation personnelle et affective possible, jusqu’à s’identifier même à sa propre vie. Suivre Jésus implique également que l’on fasse siens ses désirs par rapport au projet du Père pour toute l’humanité.

Il serait vain de prétendre que ce travail regroupe tous les éléments à prendre en compte dans l’accompagnement et tout ce qu’implique le rôle de conseiller laïc à la JMV ; il s’agit plutôt d’une approche sur le sujet à partir de certains aspects essentiels de l’accompagnement que nous découvrons en Jésus-Christ. L’objectif de ces réflexions est que les Conseillers voient en Jésus-Christ leur modèle d’accompagnateur dans l’itinéraire de la vie des jeunes. Nous savons bien que nous n’élaborons pas un document qui dépasse ce qui est proposé dans « Rôle et Tâches des Conseillers à la JMV » [3]. Nous comprenons que ce dernier contient des orientations très claires qui servent de référence à tous ceux qui assument ce service, pour qu’ils vivent mieux ce service dans l’Association. Nous y trouvons des aspects importants comme :

  • Qu’entendons-nous aujourd’hui par « conseiller » ?
  • Qui peut offrir l’accompagnement à la JMV ?
  • Style pédagogique du conseiller à la JMV.
  • Profil du conseiller.
  • Mission du conseiller.
  • Tâches concrètes du conseiller.
  • Quelques aspects pratiques.
  • Et autres…

A partir de ce point de vue, nous nous proposons de tourner notre regard vers le modèle que nous présente Jésus dans les Evangiles. Un grand nombre de textes du Nouveau Testament peuvent guider la réflexion des conseillers laïcs à la JMV. Un exemple parlant de l’impact que la rencontre avec Jésus de Nazareth peut provoquer chez quelqu’un est celui de la femme samaritaine dans l’évangile de Jean. Ce texte nous permet de découvrir un aspect essentiel : l’ouverture aux paroles du Maître qui lui révélait petit à petit son propre être et le respect de Jésus pour la liberté de cette femme capable d’accueillir ou non sa Parole. La samaritaine est devenue un véritable disciple du Christ, annonceuse de la Bonne Nouvelle du Royaume. Son expérience l’a amenée à sortir de soi et à sortir à la rencontre de l’autre pour lui transmettre sa joie, le don merveilleux qui jaillit du cœur, eau vive qui naît de la rencontre avec le Christ et qu’elle a partagé avec d’autres.

Tout comme le texte de la femme samaritaine, la richesse de l’évangile est inépuisable. Nous avons choisi le texte des disciples d’Emmaüs en Luc 24, 13-35 comme toile de fond de ce travail. Le passage est un icône de l’accompagnement et de la transformation qui a lieu en celui qui rencontre le Ressuscité.

Le point de départ est biblique car nous souhaitons susciter la réflexion sur le rôle du conseiller laïc à la JMV en partant de Jésus-Christ comme modèle, lui qui accompagne les disciples sur la route.

Nous proposons la figure du « chemin ». Le ministère du conseiller se fonde sur Jésus-Christ serviteur (cf. Mt 20, 28), en Jésus-Christ qui se fait un des nôtres pour cheminer comme Il l’a fait avec les disciples d’Emmaüs. Dans ce passage, nous signalons six attitudes concrètes que Jésus-Christ a vécues en cheminant avec ces disciples et qui nous guident dans la compréhension du service du conseiller à la JMV :

  • Savoir accompagner sur le chemin.
  • Savoir dialoguer.
  • Savoir discerner à la lumière de la Parole.
  • Savoir créer la fraternité.
  • Savoir célébrer.
  • Savoir disparaître.
  • Savoir se nourrir.

Chacun de ces aspects est clos par une question qui a pour but de susciter le dialogue et la réflexion des conseillers. Nous n’avons pas l’intention d’établir une liste d’exigences ou d’élaborer un profil pour celui qui prête le service de conseiller ; cela est déjà fait dans le document « Rôle et Tâches des Conseillers à la JMV ». Nous savons que chaque conseiller possède une grande richesse dans sa personnalité, son expérience à la JMV et le vécu de son engagement ecclésial ; c’est justement cette richesse qui aide les jeunes de la JMV à vivre leur identité dans la diversité.

Une deuxième partie de ce document est plutôt une approche du rôle du laïc dans l’Eglise et dans le monde, tel qu’exprimé dans les Documents Conciliaires et l’Exhortation Apostolique Christifideles Laici. Il s’agit uniquement d’une approche au thème que nous savons inépuisable par son amplitude et sa profondeur.

Après la réflexion ecclésiale, nous introduisons certaines considérations sur la mission apostolique du laïc vincentien et nous terminons avec certaines questions pratiques sur la nomination et la formation du conseiller laïc à la JMV.


SAVOIR ACCOMPAGNER SUR LE CHEMIN

« Deux des disciples faisaient route vers un village du nom d’Emmaüs, distant de Jérusalem de soixante stades, et ils conversaient entre eux de tout ce qui était arrivé. Et il advint, comme ils conversaient et discutaient ensemble, que Jésus en personne s’approcha, et il faisait route avec eux ; mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître » (Luc 24, 13-16).

Le « chemin » comme métaphore de la vie de l’homme est un classique dans les écrits de tous genres. L’homme est un être en chemin. Ce chemin peut parfois être pierreux et rendre la marche difficile. En d’autres occasions, il peut être plat et permettre une marche sereine. Parfois, c’est une montée et il faut un effort supplémentaire pour traverser ou une descente qui requiert que l’on modère le pas. Il y a différents chemins et des croisements, et sur la route, nous rencontrons beaucoup d’autres passants et pèlerins. Certains cheminent seuls, d’autres vont en groupes, d’autres enfin avec peu de gens, mais nous sommes tous en chemin. Certaines personnes s’arrêtent, se reposant avant de continuer à avancer. D’autres regardent en arrière avec une certaine nostalgie du chemin parcouru. Sur la route, nous pouvons croiser des compagnons pour une partie du chemin ; nous parlons alors et partageons la vie. D’autres fois, nous cessons de cheminer avec ceux qui nous accompagnent car nous ne marchons pas tous au même rythme… Mais nous sommes tous en chemin. Il est impossible de vivre en dehors du chemin. Nous pouvons souhaiter emprunter des déviations mais alors, nous ne faisons que créer de nouveaux sentiers, de nouvelles voies. Il est impossible de vivre la vie en dehors du chemin et nous y sommes toujours.

Quand nous cheminons avec quelqu’un d’autre à nos côtés, le chemin devient plus attrayant. Nous parlons de ce que nous voyons et de ce que nous vivons. Nous pouvons partager nos expériences et nos rêves. Quand la route devient difficile et lassante, un compagnon nous la rend plus légère. Cheminer avec quelqu’un nous donne l’occasion d’élargir notre vision des choses. En même temps, nos regards différents enrichissent la perception du paysage. Nous pouvons découvrir ensemble de nouveaux sentiers et de nouveaux chemins à parcourir.

Le conseiller laïc à la JMV est quelqu’un qui sait accompagner sur le chemin. Il n’est pas un guide qui a déjà parcouru tout le chemin, comme un local peut connaître tous les sentiers et les recoins du lieu où il vit, et pour cette raison, peut dire, indiquer et aller devant, là où il faut aller. Le conseiller a parcouru bien des chemins et a acquis beaucoup d’expérience, mais il ne connaît pas le chemin sur lequel il va accompagner, celui qu’il va parcourir. Grâce à son expérience, parce qu’il a appris à affiner son regard, à interpréter les dangers, il peut être un bon compagnon dans le cheminement des autres. Il marche à côté et aide à découvrir et à parcourir le chemin de l’autre.

Jésus est évidemment le modèle de compagnon de route. Dans le passage des disciples d’Emmaüs, c’est lui qui prend l’initiative de s’approcher de ces pèlerins qui viennent tout pleins de leurs joies et de leurs tristesses, qui portent le poids de leurs soucis et de leurs déceptions. Ce sont eux qui cheminent. Plus précisément, ils viennent de vivre une expérience qui leur a laissé plus de questions que de réponses et ils reviennent sans doute à leur vie d’avant. Les deux sont quelque peu aveuglés par la douleur, la déception, la tristesse, l’espoir détruit par les événements récents. Ils partagent entre eux leur désespoir. Dans ce contexte, Jésus s’approche d’eux, comme un compagnon de voyage de plus, et continue à marcher avec eux. Il ne leur signale pas qu’ils sont dans l’erreur, il ne cherche pas à leur imposer une direction, il n’essaie pas d’exprimer son opinion sur le chemin qu’ils parcourent. Il marche tout simplement avec eux, comme un compagnon de voyage.

« Le chemin est l’objectif ; marcher, c’est arriver» affirme un proverbe populaire hindou, qui peut bien soulever des doutes car l’on se demande : Est-ce vraiment le but du chemin ? Ne serait-ce qu’une étape intermédiaire devant conduire à un objectif final, comme une autoroute menant à la ville ? Bien sûr que « marcher n’est pas arriver. Si nous marchons, nous bougeons, alors que nous nous reposons à notre arrivée… Le chemin que nous parcourons, à chaque étape de notre pèlerinage et à chaque souffle de notre vie, est en soi – le temps de cet instant fugace et ailé, mais en toute vérité et profondeur – le but et la finalité de notre activité, l’accomplissement de nos buts et la plénitude de notre être. Marcher, c’est arriver, car chaque étape marque notre vie et la conduit là où elle pouvait et devait parvenir. Cheminer, c’est arriver… pour l’instant, mais cet instant est le seul moment qui existe quand on arrive, et ainsi l’action est toute et complète dans son existence instantanée » [4].

Le conseiller laïc à la JMV est quelqu’un qui sait accompagner sur le chemin pour en jouir et en profiter comme but. C’est une personne qui aide à regarder la route avec des yeux nouveaux, non pas comme quelque chose à traverser rapidement mais comme un observateur car il est convaincu que le chemin enrichit et que c’est le lieu où Dieu se révèle.

A l’exemple de Jésus, le conseiller laïc à la JMV sait s’approcher des jeunes, cheminer avec eux, il ne passe pas au loin, il se situe sur un plan d’égalité pour les écouter, il prend au sérieux leurs soucis et leurs joies, leurs angoisses, leurs craintes et leurs peurs. Le conseiller es un autre Christ qui sait accompagner le cheminement des jeunes ; ils le voient présent et cheminant à leurs côtés, et cette présence est rassurante. Accompagner sur le chemin, c’est transiter avec eux.

Le conseiller met le jeune à la première place, il s’implique, l’accompagne. « La communauté évangélisatrice expérimente que le Seigneur a pris l’initiative, il l’a précédée dans l’amour (cf. 1Jn 4, 10), et en raison de cela, elle sait aller de l’avant, elle sait prendre l’initiative sans crainte, aller à la rencontre, chercher ceux qui sont loin et arriver aux croisées des chemins pour inviter les exclus et leur offrir la miséricorde» [5].

Piste pour la réflexion:

  • Quelle nouveauté Jésus nous demande-t-il dans notre manière d’accompagner les jeunes ?


SAVOIR DIALOGUER

« Il leur dit: " De quoi vous entretenez-vous ainsi en marchant? " Et ils s'arrêtèrent tout tristes. L'un d'eux, nommé Cléophas, lui dit: " Tu es bien le seul qui, de passage à Jérusalem, ne sache pas ce qui s'y est passé ces jours-ci! " Il leur dit: " Quoi? " Ils lui dirent: " Ce qui concerne Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en œuvres et en parole devant Dieu et tout le peuple; et comment nos grands prêtres et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié. Quant à nous, nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël; mais, en plus de tout cela, on est au troisième jour depuis que cela s'est passé. Aussi bien, quelques femmes, des nôtres, nous ont jetés dans la stupeur: étant allées de grand matin au sépulcre, et n'ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire même qu'elles avaient vu une apparition d'anges qui disaient qu'il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons s'en sont allés au sépulcre et ont bien trouvé (toutes choses) comme les femmes avaient dit: mais lui, ils ne l'ont point vu. » (Luc 24, 17-24).

Jésus les invite à raconter leur histoire et les écoute. Il pose les questions justes et nécessaires pour susciter le dialogue. Il ne se demande pas ce qu’ils vont lui répondre, il les écoute tout simplement et les laisse s’exprimer et raconter ce qui les préoccupe, les attriste ou les réjouit.

Le chemin est un lieu de conversation, de dialogue ; c’est un lieu pour échanger impressions, émotions et révélations.

Jésus prend l’initiative pour connaître leurs histoires, se soucie de leur air triste et cherche à savoir ce qui arrive. Il n’interrompt pas le dialogue qui a lieu, il commence par marcher et écouter leurs histoires. Ce n’est qu’après qu’il participe à la conversation avec des questions, en essayant de faire jaillir du fond du cœur de chaque disciple ce qui les inquiète le plus. Il cherche à connaître leurs sentiments et leurs désirs en profondeur.

Le conseiller laïc à la JMV sait contempler la pédagogie de Jésus. Il ne se soucie pas de donner des réponses sans écouter d’abord les questions des jeunes. Il n’est pas bon d’enseigner ce que l’on considère nécessaire sans écouter d’abord ce qu’ils portent dans leurs cœurs. Le conseiller sait être attentif aux questions, aux interrogations, aux soucis et aux joies des jeunes. Ce n’est qu’alors que viendra une parole de consolation, une parole qui aide à comprendre la situation actuelle, à interpréter ce qui se passe. Les réponses dépendront des questions.

Il est intéressant de souligner que, dans le récit des disciples d’Emmaüs, l’un des disciples est nommé ; il s’agit de Cléophas. Le dialogue de Jésus implique toujours des personnes concrètes, avec un nom et une provenance. Il faut accompagner et conseiller des jeunes concrets avec des histoires et des situations précises. Ils ne sont pas des noms dans la liste d’un groupe ou entendus une fois. Ce sont des personnes avec lesquelles on partage la vie et que l’on reçoit comme compagnons de voyage.

Savoir dialoguer, c’est non seulement se mettre en route avec les jeunes, mais pénétrer aussi leurs paroles et leurs histoires. Comme Jésus, le conseiller à la JMV considère avec un très grand respect la vie du jeune qu’il accompagne et il sait inquiéter avec un mot, créer du dynamisme sur le chemin. Il sait écouter leurs soucis, se laisser affecter par les mots des jeunes, connecter avec la personne avec qui il parle et se taire pour la comprendre.

Comme Jésus, le conseiller laïc chercher à réduire la distance entre les jeunes et lui/elle; il s’implique dans leurs situations de vie pour être avec eux comme compagnon de route. Il les accompagne dans tous leurs processus, aussi durs et prolongés qu’ils soient [6].

Piste pour la réflexion:

  • Quelle est la méthodologie de Jésus pour connaître l’intériorité de la personne ?


SAVOIR DISCERNER À LA LUMIÈRE DE LA PAROLE

« Et lui leur dit: " O (hommes) sans intelligence et lents de cœur pour croire à tout ce qu'ont dit les prophètes! Ne faillait-il pas que le Christ souffrit cela pour entrer dans sa gloire? " Et commençant par Moïse et (continuant) par tous les prophètes, il leur expliqua, dans toutes les Ecritures, ce qui le concernait. » (Luc 24, 25-27).

Le texte devient soudainement déconcertant. Cet étranger cheminait pratiquement en silence avec ces deux voyageurs. Après avoir longtemps écouté tout ce qu’ils avaient à dire, après avoir entendu leurs histoires, leurs attentes et leurs illusions ; après avoir entendu leurs déceptions et leurs chagrins ; maintenant qu’il sait ce qui pèse sur le cœur de ces hommes, voici venu le temps que Jésus dise une parole et illumine la situation de douleur qu’ils sont en train de vivre.

En regardant le Jésus du récit d’Emmaüs, le conseiller laïc à la JMV aide à voir avec des yeux nouveaux les situations que vivent les jeunes. Parfois l’arbre empêche de voir clairement la forêt. La difficulté présente ne laisse pas voir le chemin déjà parcouru. Elle ne permet pas de reconnaître comment Dieu a été à l’œuvre pendant toute la vie. Comme conseiller et après une connaissance profonde de la situation des jeunes, vient le moment d’aider à avoir un regard différent et guérisseur sur son histoire.

« Lents de croire à tout ce qu’ont dit les Prophètes » leur reproche Jésus. Ici, le conseiller a une occasion en or d’évangéliser l’esprit et le cœur de ceux à qui il coûte de croire. Quand la Sainte Vierge Marie rend visite à sa cousine Elisabeth, l’une des paroles de bienvenue était : « Heureuse celle qui a cru » (cf. Lc. 1, 45). Ce n’est pas parce qu’elle a pleinement compris le mystère que Dieu lui confiait qu’elle a dit «Oui», mais grâce à sa grande attitude de foi. Dans les quelques textes de Luc qui mettent en scène la Mère du Sauveur, la foi est l’une des attitudes dans lesquelles elle excelle le plus. Marie est la femme qui garde tout dans son cœur pour le ruminer et le prier petit à petit. Elle accepte le plan que Dieu lui a préparé et les événements qui se succèdent, avec difficulté, sans les chercher, mais parce qu’elle croit en Dieu, qu’elle a confiance en celui qui lui a donné la vie.

María « nous enseigne le primat de l’écoute de la Parole dans la vie du disciple et du missionnaire. Le Magnificat est entièrement tissé avec les fils de la Sainte Ecriture, les fils tirés de la Parole de Dieu. C’est là qu’on se rend compte que la Parole de Dieu, en Marie, se trouve en vérité dans sa propre maison, d’où elle sort et où elle rentre tout naturellement. Marie pense et parle avec la Parole de Dieu ; la Parole de Dieu, elle en fait sa parole, et sa parole prend naissance de la Parole de Dieu. De plus, c’est là qu’on voit que ses pensées sont en harmonie avec les pensées de Dieu, que son amour est un amour tourné vers Dieu» [7].

Le conseiller est une personne de foi qui sait regarder sa propre histoire à la lumière de la Parole, à la lumière de la présence de Dieu dans sa vie et c’est pour cela qu’il sait accompagner les jeunes pour leur apprendre à porter un regard de foi sur leurs vies. Cela exige parfois un reproche corsé, comme celui de Jésus à ces disciples : « Hommes sans intelligence, lents à croire… » Les paroles du conseiller ne doivent pas nécessairement consister en des paroles mielleuses, mais celles qui sont nécessaires pour se réveiller d’un certain état de sommeil. Le conseiller à la JMV sait utiliser les paroles nécessaires pour susciter une réaction nouvelle qui guérit.

« Et commençant par Moïse et (continuant) par tous les prophètes, il leur expliqua, dans toutes les Ecritures, ce qui le concernait. » Jésus sait situer la vie de l’homme en son juste milieu et comme Lui, le conseiller ne cache pas la joie du message du Seigneur car il sait que « la joie de l’Evangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus » [8].

« Le bien tend toujours à se communiquer. Chaque expérience authentique de vérité et de beauté cherche par elle-même son expansion, et chaque personne qui vit une profonde libération acquiert une plus grande sensibilité devant les besoins des autres… C’est pourquoi, celui qui désire vivre avec dignité et plénitude n’a pas d’autre voie que de reconnaître l’autre et de chercher son bien. Certaines expressions de saint Paul ne devraient pas alors nous étonner : « L’amour du Christ nous presse » (2Col. 5,14); « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’évangile ! » (1Col. 9,16)” [9]. Le conseiller laïc est une personne qui a rencontré Dieu et qui le reconnaît comme son sauveur et son libérateur. Il sait que sa vie peut être contemplée et lue à la lumière de la Parole et cela le rend capable d’accompagner le jeune dans cette traversée.

Savoir discerner à la lumière de la Parole, c’est ouvrir les chemins pour montrer tous ceux qui peuvent être parcourus si l’on souhaite demeurer fidèles au projet de Dieu sur chacun. C’est analyser l’histoire avec une touche d’espérance et de miséricorde. C’est présenter d’autres manières de comprendre l’histoire, d’autres regards qui servent à dépasser les peurs, les angoisses, les désespoirs. C’est savoir transcender la situation actuelle pour regarder son histoire avec des yeux pleins d’espérance.

Quand le conseiller est capable d’encourager les jeunes à voir leurs histoires à la lumière de la Parole de Dieu et quand lui-même permet que sa vie soit illuminée par l’Evangile, il peut être témoin de la manière dont les cœurs des jeunes commencent à être ardents, comment les énergies reviennent et comment les jeunes commencent à rêver à nouveau, alors que l’air triste qu’ils avaient au début commence peu à peu à se transformer en joie grâce à l’annonce du message de l’évangile.

« Ignorer l’Ecriture, c’est ignorer Jésus-Christ et renoncer à l’annoncer » [10]. Le Pape Benoît XVI disait, en parlant de la Parole de Dieu : « La connaissance profonde et expérimentée de la Parole de Dieu est la condition indispensable. Pour cela, il faut éduquer le peuple dans la lecture et la méditation de la Parole : qu’elle devienne son aliment pour que, par sa propre expérience, il voie que les paroles de Jésus sont esprit et vie (cf. Jn 6, 63). Dans le cas contraire, comment annoncer un message dont le contenu et l’esprit ne serait pas connu vraiment? Nous devons fonder notre engagement missionnaire et toute notre vie sur le roc de la Parole de Dieu » [11].

Piste pour la réflexion:

  • Comment Jésus aide-t-il à relire les événements de sa vie?


SAVOIR CRÉER LA FRATERNITÉ

« Ils approchèrent du bourg où ils se rendaient, et lui feignit de se rendre plus loin. Mais ils le contraignirent, disant: " Reste avec nous, car on est au soir et déjà le jour est sur son déclin." Et il entra pour rester avec eux. » (Lc. 24, 28-29).

Après le chemin parcouru, les disciples ont déjà ouvert leur cœur à ce pèlerin qui était un inconnu au début. Sa présence silencieuse et respectueuse, ses questions conflictuelles, ses paroles illuminatrices ont peu à peu suscité leur confiance en lui et, le soir venu, ils souhaitent qu’il reste avec eux ; ils l’invitent à entrer chez eux pour continuer à partager la vie. Le processus qu’ont vécu ces disciples est intéressant : ils ont commencé la rencontre avec un air triste, ils se sentaient tristes et désespérés, mais maintenant ils sentent ressurgir leurs espérances.

Bien plus intéressante encore la sagesse de Jésus qui a su gagner une place parmi eux. Son silence, sa compagnie et ses paroles ont produit leur effet sur les disciples. Ils ont cessé de le considérer comme un étranger pour voir en lui un frère, un ami. Jésus a su gagner leur confiance et leur admiration par son attitude. Les paroles de ces deux hommes sont une invitation à rester avec eux, mais cette demande est faite sur un ton de supplication pressante. C’est une prière adressée à celui qui a su apporter la lumière à leurs cœurs obscurcis par la tristesse.

Jésus est un modèle pour le conseiller laïc. Celui-ci ne pourra devenir un compagnon de voyage s’il ne sait pas créer la fraternité, s’il ne sait pas gagner la confiance et le cœur des jeunes, s’il ne sait faire surgir l’inquiétude de les inviter à rester avec eux pour partager avec lui leurs sentiments les plus profonds. «Si nous pouvions suivre ce chemin, ce serait une très bonne chose, très régénératrice, très libératrice, très génératrice d’espérance ! Sortir de soi-même pour s’unir aux autres fait du bien» [12]

Savoir créer la fraternité exige que l’on vive la proximité, l’attitude du samaritain. C’est nous sentir frères et égaux. C’est prendre les autres au sérieux. C’est que « l’Évangile nous invite toujours à courir le risque de la rencontre avec le visage de l’autre, avec sa présence physique qui interpelle, avec sa souffrance et ses demandes, avec sa joie contagieuse dans un constant corps à corps… Dans son incarnation, le Fils de Dieu nous a invités à la révolution de la tendresse» [13]. Voilà pourquoi le conseiller, pressé par l’évangile qui inspire sa vie, sent dans chaque rencontre que le jeune est comme son frère et il l’aide lui aussi à le sentir comme un frère sur lequel s’appuyer et en qui avoir confiance. Il ne le sent pas comme un étranger qui accompagne la vie du groupe ou qui est tout simplement là, sans trop savoir bien pourquoi ; le conseiller devient progressivement une présence nécessaire et une référence.

Certaines visites ne sont pas qu’agréables, mais vraiment désirables. Celles de personnes que nous sommes enchantés d’accueillir chez nous. Et quand ils repartent chez eux, nous sentons la nostalgie de leur départ et nous souhaiterions qu’ils reviennent bientôt nous rencontrer. L’évangile sur lequel nous réfléchissons signale que Jésus « entra pour rester avec eux ». Rendre visite à quelqu’un, rentrer chez lui, éprouver le désir de le voir, de parler à cette personne, de s’informer sur sa vie et de partager la nôtre avec elle.

Le conseiller est, comme Jésus, quelqu’un qui est invité par le jeune dans la maison de sa vie. Il est bien reçu et il est invité à s’asseoir et à converser. Le conseiller est invité à entrer et à rester avec eux car la maison est l’origine de notre foi. Les premières communautés chrétiennes se réunissaient dans les maisons pour confesser et célébrer leur foi. La maison, la vie des jeunes, est une terre sacrée dans laquelle le conseiller va rentrer les pieds nus. (cf. Ex. 3,5).

«Face à la tentation, très présente dans la culture actuelle, d’être chrétiens sans Église, et les nouvelles recherches spirituelles individualistes, nous affirmons que la foi en Jésus-Christ nous a été donnée à travers la communauté ecclésiale qui “nous donne une famille, la famille universelle de Dieu, dans l’Église Catholique... Cela signifie qu’une dimension constitutive de l’événement chrétien, c’est l’appartenance à une communauté concrète, dans laquelle nous pouvons vivre une expérience permanente de disciples et de communion avec les successeurs des Apôtres et avec le Pape» [14].

Pistes pour la réflexion:

  • Créer la fraternité, c’est aussi aider à former une communauté entre les jeunes… Comment Jésus obtient-il la confiance de ceux qu’Il accompagne?


SAVOIR CÉLÉBRER

« Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, puis le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils le reconnurent; et il disparut de leur vue. » (Luc 24, 30-31a).

Jésus ne partage pas n’importe quel pain avec ces deux disciples, mais un pain pris, rompu et partagé. Un pain pour la vie de ceux qui le reçoivent dans leurs vies.

Comme Jésus, le conseiller laïc à la JMV est capable d’encourager les jeunes à devenir pain pour les autres. Lui-même est une offrande pour la vie des jeunes et de tant d’autres qui sont affamés de la vie qui vient de Dieu. Etre un pain rompu et partagé pour le bien de ceux qui souffrent, de ceux qui attendent notre compréhension et notre aide.

Quand ils se réunissent pour célébrer, c’est bien plus qu’une rencontre pour manger, et manger va au-delà de l’acte biologique. Célébrer et manger est un acte par lequel on partage ce que l’on est et ce que l’on a.

Savoir célébrer conduit à rompre et partager le pain pour calmer la faim de nourriture et la faim de Dieu. C’est la célébration qui donne du sens à la table comme lieu de rencontre. Dans la célébration et la rencontre, nous découvrons la présence de Dieu parmi nous, nous découvrons l’autre comme un frère.

Savoir célébrer est totalement contraire à la fermeture de la vie. « Le grand risque du monde d’aujourd’hui, avec son offre de consommation multiple et écrasante, est une tristesse individualiste qui vient du cœur bien installé et avare, de la recherche malade de plaisirs superficiels, de la conscience isolée. Quand la vie intérieure se ferme sur ses propres intérêts, il n’y a plus de place pour les autres, les pauvres n’entrent plus, on n’écoute plus la voix de Dieu, on ne jouit plus de la douce joie de son amour, l’enthousiasme de faire le bien ne palpite plus» [15]. Voilà pourquoi le conseiller est une personne qui célèbre la vie en offrant sa propre vie pour générer la vie chez les autres. Et il sait encourager les jeunes à poser leur regard sur Jésus qui célèbre sa vie en la partageant avec les autres, et en particulier avec les plus pauvres et les plus désemparés.

Savoir célébrer, c’est rompre le corps du Seigneur pour les autres et cela signifie s’engager à rompre et à partager sa vie, ses dons, son temps et ses biens. C’est briser la solitude, l’isolement, l’égoïsme grâce au partage car « tout ce que vous faites pour l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous le faites » (Mt. 25, 40). Et ceci est une caractéristique de la spiritualité vincentienne, car celle-ci naît de l’expérience vivante et profonde de la personne Jésus-Christ. L’expérience fondatrice d’où jaillit notre spiritualité est sans doute la rencontre transformatrice avec Jésus-Christ qu’ont vécue Vincent de Paul et Louise de Marillac.

Selon la spiritualité vincentienne, savoir célébrer, c’est “faire connaître Dieu aux pauvres, leur annoncer Jésus-Christ, leur dire que le Royaume des Cieux est proche et que ce Royaume est pour les pauvres » [16].

Pistes pour la réflexion:

Quel style de célébration propose Jésus?


SAVOIR DISPARAÎTRE

« Et il disparut de leur vue. » (Luc 24, 31b).

Après tout le processus sur lequel nous réfléchissons, voici venu le moment où ce pèlerin inconnu, reconnu comme le Seigneur dans la célébration, ce Maître et accompagnateur, disparaît. Il ne s’absente pas pour ne plus jamais être parmi eux, mais à partir de maintenant surgit un nouveau mode de présence. Jésus ressuscité n’est pas parti, il est resté avec eux, interagissant autrement.

Comme compagnon de route, il avait déjà connu la profondeur de leurs cœurs, il les avait accompagnés, écoutés et aidés à avoir un regard plus large et plus miséricordieux sur leur propre histoire. Ils étaient maintenant prêts à devenir des disciples et des missionnaires, des témoins de ce qu’ils avaient vu et entendu. Leur foi était née à nouveau et leur espérance ravivée. Ils avaient découvert la présence du Vivant dans leur histoire et dans leurs vies. Ils pouvaient désormais marcher en présence du Seigneur, mais autrement. Ils avaient atteint une certaine maturité dans leur itinéraire de foi et ils devenaient eux-mêmes maintenant des témoins passionnés de l’expérience du ressuscité accompagnant la vie d’autres hommes et femmes à l’air triste, déçus ou fatigués.

Le conseiller accompagne pendant un certain temps le chemin de la vie des jeunes. Il ne peut pas toujours être à leurs côtés. Il doit savoir lâcher prise pour qu’ils cheminent seuls et vivent le projet de Dieu dans leurs vies.

Le conseiller lui-même a été un de ces disciples accompagnés par le Seigneur et ayant fait l’expérience de la sagesse du Maître qui disparaît pour être présent autrement.

Le Maître lui-même l’a préparé pour qu’il accompagne d’autres et devienne lui-même le formateur de ces jeunes pour qu’eux aussi, à leur tour, soient des compagnons de voyage d’autres jeunes.

Savoir disparaître implique qu’on laisse grandir la semence qui a été plantée. Il ne s’agit pas de partir, mais d’être présent différemment. Il s’agit de laisser son empreinte, de poser les bases. Comme Jésus, il faut que le conseiller disparaisse de la vie des jeunes (cf. Jn. 16,7) car il ne faut ni épuiser la vérité ni la devancer. Car il ne faut pas arrêter le regard transcendant des jeunes. Il faut croire en leur personne, leur faire confiance.

Pistes pour la réflexion:

  • A quelle étape du chemin Jésus disparaît-il ? Pourquoi?


SAVOIR SE NOURRIR

« Et ils se dirent l'un à l'autre: " Est-ce que notre cœur n'était pas brûlant en nous, lorsqu'il nous parlait sur le chemin, tandis qu'il nous dévoilait les Ecritures? "Sur l'heure même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem; et ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons, qui disaient: " Réellement le Seigneur est ressuscité, et il est apparu à Simon. " Et eux de raconter ce qui (s'était passé) sur le chemin, et comment il avait été reconnu par eux à la fraction du pain. » (Lc. 24, 32-35).

La rencontre de Jésus est un cadeau. Ce n’est pas l’initiative des disciples, puisqu’ils ne font rien pour la provoquer. C’est lui qui prend l’initiative. C’est lui qui les force à abandonner une certaine perplexité et une certaine incrédulité. « Personne n’attend Jésus ressuscité. C’est lui qui se rend présent dans leurs vies au-delà de leurs attentes. C’est une grâce de Dieu » [17]. La rencontre avec Jésus ressuscité transforme la vie des disciples, pas seulement celle des pèlerins d’Emmaüs, mais aussi celle de ceux qui ont pris d’autres directions, ceux qui ont cessé de marcher, ceux qui sont restés enfoncés dans leur tristesse et leur désespoir.

« Le récit d’Emmaüs décrit merveilleusement la transformation qui a lieu chez les disciples lorsqu’ils accueillent Jésus ressuscité dans leur vie. Ils cheminaient tristes et en écoutant ses paroles, ils sentent leurs cœurs devenir brûlants ; ils étaient effondrés en constatant la mort de Jésus, mais en le rencontrant plein de vie, ils découvrent que leurs espoirs n’étaient pas exagérés, mais trop petits et limités ; ils s’étaient éloignés du groupe des disciples, frustrés par les derniers événements, et ils reviennent maintenant à Jérusalem raconter à tous ce qui leur est arrivé sur le chemin » [18].

Les disciples savent bien qu’en s’éloignant du feu ils se refroidissent; c’est pourquoi ils décident de revenir à la communauté lorsqu’ils ont senti le Ressuscité brûler leur cœurs, pour continuer d’aviver le feu de l’amour de Dieu dans leurs vies et dans la vie des autres. La rencontre avec Jésus crée des disciples et des missionnaires. Des disciples qui veulent s’asseoir aux pieds du Maître pour l’écouter, pour permettre que leurs vies soient illuminées par la Parole de Dieu. Ils savent que leurs vies trouvent leur sens et leur direction à l’écoute de la Parole. Ils en ont fait l’expérience sur la route. Ils savent qu’ils peuvent voir clairement la vie et l’histoire. Voilà pourquoi ils reviennent à Jérusalem retrouver la communauté des disciples, des affamés de la Parole, des assoiffés de Dieu.

Si tout commence avec la rencontre de la personne de Jésus, la question fondamentale surgit, question dont la réponse nourrit la vie des disciples (et c’est ce qu’est le Conseiller) : « Maître, où demeures-tu ? » (Jn. 1, 38), où le rencontrer convenablement pour ouvrir un authentique processus comme disciple et comme missionnaire ? « Quels sont les lieux, les personnes, les dons qui nous parlent de toi, nous mettent en communion avec toi et nous permettent d’être tes disciples et tes missionnaires?» [19]. Où se nourrit le disciple ?

Le Pape Benoît XVI de dire : « L’Eglise est notre maison! C’est notre maison! Dans l’Eglise Catholique, nous avons tout ce qui est bon, tout ce qui donne sécurité et réconfort ! Celui qui accepte le Christ Chemin, Vérité et Vie, dans sa totalité à la garantie de la paix et du bonheur, dans cette vie et dans l’autre ! [20].

L’Episcopat Latino-américain lui-même énumère les sources qui doivent nourrir la vie du disciple de Jésus-Christ  :

  • La Sainte Ecriture, lue dans l’Eglise. L’ignorer, c’est ignorer Jésus-Christ.
  • La Liturgie Sainte, l’eucharistie en particulier.
  • Les autres Sacrements.
  • La prière personnelle et communautaire, lieu où l’on cultive la relation avec Dieu.
  • La Communauté (cf. Mt. 18, 20).
  • Les pauvres, les affligés et les malades (cf. Mt. 25, 37-40).

Quand le disciple se nourrit, soigne sa rencontre avec le Ressuscité, tout se transforme: sa vie, ses actions, son regard… Tout acquiert un nouveau sens et une raison d’être. « Chaque fois que nous cherchons à revenir à la source pour récupérer la fraîcheur originale de l’Évangile, surgissent de nouvelles voies, des méthodes créatives, d’autres formes d’expression, des signes plus éloquents, des paroles chargées de sens renouvelé pour le monde d’aujourd’hui» [22].

Il n’y a pas de véritable rencontre avec la personne de Jésus-Christ qui ne suscite le désir et l’appel à être témoin de sa personne et de l’action transformatrice de cette rencontre. C’est ce qu’ont vécu les disciples et, sans trop y penser, ils sont revenus à Jérusalem pour transmettre leur joie à ceux qui étaient restés tristes. Ils n’ont pas gardé leur joie jalousement. Ils ont ressenti un besoin profond de la communiquer et de la partager. La rencontre provoque la joie de l’annonce. Tous les récits de rencontre avec le Ressuscité insistent là-dessus: l’annonce joyeuse que Jésus est vivant et qu’il est au milieu du peuple. « Le disciple, fondé sur le Roc de la Parole de Dieu, se sent poussé à porter la Bonne Nouvelle du salut à ses frères. Disciple et missionnaire sont les deux faces d’une même médaille : quand le disciple est amoureux du Christ, il ne peut s’empêcher d’annoncer au monde que Lui seul sauve (cf. Ac. 4, 12). En effet, le disciple sait que sans le Christ, il n’y a pas de lumière, pas d’amour, pas d’avenir » [23].

Pistes pour la réflexion:

  • Comment Jésus nourrit-il la vie et la vocation des disciples ? Que provoque-t-il dans leurs vies?


DEUXIÈME PARTIE

Le chemin comme on l’a vu au figuré, signifit la vie humaine. L'existence de chaque personne est un pèlerinage, un voyage qui commence à la naissance et voit son exode final dans la mort. Pendant ce temps, dans la vie quotidienne, la rencontre avec un Dieu proche se fait, un Dieu incarné Jésus-Christ qui est le Chemin, la Vérité et la Vie.

Un jour aussi tous les membres de l'Eglise, chaque membre de JMV a commencé cette marche, a traversé des «déserts» et «paradis», a travaillé avec joie, surmonter des moments de tristesse, de soucis et de tensions, mais toujours en essayant de garder une trace de que le chemin ne se fait pas tout seul, mais qu’il se construit au côté de Dieu, comme on le voit avec les disciples d'Emmaüs.

Nous avons parcouru avec Jésus comme modèle du conseiller la première partie de ce document. Dans cette deuxième partie qui va de la Bible à un ton plus doctrinale. Il sera question de faire une approche aux documents de l'Église et de faire ressortir certains aspects essentiels de la vocation et la mission des laïcs.

Les dernières sections suggèrent un peu de réflexion sur la mission du laïc vincentien et quelques éléments pratiques qui peuvent aider dans l'expérience de conseiller laïc à la JMV.

LA MISSION DU LAÏC DANS LE CONCILE VATICAN II

Le Concile Vatican II reconnaît que les laïcs sont la pièce maîtresse de l'action de l'Eglise dans le monde, sujets actifs et responsables de la communauté ecclésiale. Cette condition laïque est enracinée dans les sacrements, particulièrement le Baptême, c’est a partir de l'expérience des sacrements qu’ils se font ontologiquement égaux , sans diluer la diversité des charismes et des ministères qui sont donnés dans église.

"Le Concile définit les laïcs comme « tous les fidèles l'exception de ceux dans les ordres et l'état religieux approuvé par l'Église, c'est à dire ceux qui sont fidèles incorporée au Christ par le Baptême, incorporés dans le peuple de Dieu et de participer à leur manière à la fonction sacerdotale, prophétique et réel du Christ, exercent dans l'Église et dans le monde de la mission de tout le peuple chrétien dans la part qui leur revient.

Un élément crucial qui permet de mieux comprendre la mission spécifique des laïcs et que récupère le Concile est sans aucun doute la vision de l'Église comme Peuple de Dieu, car elle renforce son identité. Lorsqu'il est exprimé comme Église - communion leur donne un rôle et un acte essentiel dans le travail de l'église.

Le numéro 32 de Lumen Gentium permet de se rendre compte que les laïcs, «sont appelés à rendre présente et active l'Église dans les lieux et les circonstances où il n’est pas possible d’être le sel de la terre si ce n'est pas à travers eux. C'est dans ce sens, qu’émerge fortement la vocation des laïcs: appelés par Dieu à contribuer de l'intérieur comme le levain, à la sanctification du monde. Cet état de ferment et ce chemin de sanctification se vivent depuis une participation active et responsable de la communion ecclésiale.

El apóstol Pedro exhorta a la comunidad eclesial a fortalecer su sentido de pertenencia a la Iglesia – Pueblo de Dios: “ustedes, en cambio, son descendencia elegida, reino de sacerdotes, y nación santa, pueblo adquirido en posesión para anunciar las grandezas del que los llamó de la oscuridad a la luz admirable. Los que en otro tiempo no eran pueblo, ahora son pueblo de Dios” [24].

El Concilio Vaticano II retoma este sentido profundo de Pueblo de Dios en dónde todos y cada uno de los bautizados se involucran en la misión común iniciada por Cristo. Así “los laicos pueden también ser llamados de diversos modos a una cooperación más inmediata con el apostolado de la jerarquía”[25], y es en esta colaboración con la jerarquía y con todos los actores eclesiales donde “Los laicos pueden y deben realizar una acción preciosa en orden a la evangelización del mundo”[26]. “Los laicos son protagonistas de pleno derecho en la evangelización”[27]; “la participación en el apostolado y en la vida interna de la Iglesia es un derecho de todo cristiano y no una concesión jerárquica” [28].

L'Apôtre Pierre exhorte la Communauté ecclésiale a renforcer son sentiment d'appartenance à l'Eglise - Peuple de Dieu: «Vous êtes, cependant, la progéniture élue, peuple de célébrants et nation sainte, peuple désigné pour annoncer la grandeur de celui là qui est au dessus de tout, des ténèbres à la lumière merveilleuse. Ceux Qui par le passé n’était pas un peuple, et maintenant il l’est 24"

Le Concile Vatican II reprend ce sentiment profond du peuple de Dieu où tous et chacun des baptisés s’implique dans la mission initiée par le Christ. Ainsi, "les laïcs peuvent aussi être appelés de façon différente pour coopérer de manière plus directe à l'apostolat de la hiérarchie25" et c’est dans cette collaboration avec la hiérarchie et les acteurs de l'église les laïcs doivent et peuvent réaliser une action précieuse pour l'évangélisation. Les Laïcs sont des protagonistes de pleins droits dans l’évangélisation »; «La participation dans l'apostolat et dans la Vie de l'Eglise, c’est le droit de tout chrétien, et pas celle d’une concession hiérarchique" [28].

“Pourquoi ya-t-il dans l’Eglise différents ministères” [29], le laïc participe à la vie de l’Église de manière responsable et complémentaire avec la hiérarchie et avec les religieux” [30], “à l’édification de l’Église dans le monde et l’inspiration chrétienne de l’ordre temporal” [31].

Chaque laïc doit se sentir concerné par la mission évangélisatrice de l'Eglise et être pour le monde témoin de la résurrection et de la vie du Seigneur Jésus, et symbole du Dieu vivant. Tous ensemble et chacun individuellement, soit par une association comme la JMV, ou d'autres groupes religieux, nous sommes appelés à offrir au monde les valeurs, le regard, la façon de penser et agir Jésus de Nazareth. En un mot “les chrétiens doivent être pour le monde ce que l’âme est pour le corps” [32].


LA MISSION DU LAÏC DANS L’EXHORTATION APOSTOLIQUE CHIRISTIFIDELES LAICI

Grâce à la parabole de la vigne du Seigneur, l'Exhortation apostolique commence disant que les laïcs appartiennent au peuple de Dieu représenté dans les ouvriers de la vigne33 et la vigne est le monde entier qui doit être transformé selon le dessein de Dieu, c’est l’espace vital qui permet de développer la vocation à laquelle ils ont été appelés: “Les laïcs sont appelés personnellement par le seigneur, de qui ils reçoivent une mission en faveur de l’Église et du monde” [33].

Cette vocation est vécue pleinement dans le cercle Ecclésial, «Ce n'est que dans l'Église comme mystère de communion que se révèle l’identité du fidèle laïc, sa dignité. Et seulement dans cette dignité peut se définir sa vocation et mission dans l'Eglise et dans le monde34. En ce sens, renforce l'idée que «les fidèles laïcs, avec les prêtres et les religieux forment l'unique Peuple de Dieu et le Corps du Christ35" et tous sont appelés à travailler en communion dans cette vigne.

Il ya deux idées clés qui ne peuvent pas être séparés: l'appel de Dieu et le sens d'appartenance à l'Eglise comme peuple de Dieu exprimé. "La pleine adhésion des fidèles

Laïcs à l’Église et à son mystère, et le caractère particulier de sa vocation, qui a d’un certain mode la finalité de «chercher le Royaume de Dieu selon les réalités temporelles et en les ordonnant selon le dessein de Dieu» [34].

En se plantant le monde actuel comme la vigne, l'exhortation demande aux laïcs d’aller plus loin, de voir cette réalité dans toutes ses dimensions, ecclésiale, politique, économique, culturelle, avec ses problèmes et ses valeurs, ses préoccupations et ses espoirs parce que c’est là où ils sont appelés à vivre la vocation et la mission c’est le moment de l'engagement, personne n'est autorisé à rester inactif.35 Est-ce cette terre le lieu de plantation, mais il est nécessaire de l'examiner, la connaître, l’analyser. C’est l’endroit idéal pour vivre ou non son engagement chrétien. Dans le même temps affirme que les laïcs ne sont pas seulement les travailleurs de la vigne, mais font partie d’elle36 De là, l'importance du document à la formation intégrale pour tous est de créer les espaces ouverts de formation pour tous et à tous les niveaux. “La formation des fidèles laïcs a comme objectif fondamental le recouvrement de la vocation et la disponibilité de la vivre dans l’accomplissement de la mission” [35].

Dans un premier temps il est question de l’intimité avec Jésus, en conformité avec la volonté du Père, le dévouement pour les autres dans la charité et la justice. La formation doctrinale des fidèles laïcs, non seulement par le dynamisme naturel de l'approfondissement de leur foi, mais aussi par la nécessité de "donner un motif d'espérance» qui est en eux, face au monde et à ses graves et complexes problèmes. Une conception détaillée de la doctrine sociale de l'Église et une croissance personnelle des valeurs humaines

"La participation des laïcs à la vie de l'Église peut être exercé par la personne et par les associations de fidèles, c'est un droit" [36]. Ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c'est l'appel à participer de manière responsable et en communion avec toute le peuple de Dieu la mission commune. Les liens qui unissent les membres du nouveau peuple, avec le Christ ne sont pas ceux de la «chair» et du «sang», mais ceux de l'esprit; plus précisément, ceux de l'Esprit Saint, que reçoivent tous les baptisés40

Avec insistance lance l'appel à la sainteté non pas comme une obligation mais comme un aspect fondamental du propre baptême et élément essentiel de sa dignité41. Le laïc "ne doit jamais se fermer sur lui-même, s’isoler spirituellement de la communauté; mais plutôt, il doit vivre dans un échange continu avec les autres, avec un sens aigu de la fraternité dans la joie de l'égale dignité et dans l'effort pour mener à bien, avec les autres, l’immense trésor reçu42. Dieu appelle chacun à apporter ce qu’il est et ce qu’il a, c’est là que se trouve la variété et la richesse de l’Église.

LA MISSION DU LAÏC VINCENTIEN

Pour tout chrétien, il est clair que c’est à partir du discernement dans l'Esprit que se comprend et s’assume le don du baptême et ses implications dans la vie quotidienne. Le discernement est un outil qui permettra de clarifier la présence de l'Esprit de Jésus-Christ dans leur vie, dans leur propre histoire et il va s’agir à partir de là chercher découvrir et faire la volonté de Dieu.

Le charisme vincentien découle de la relecture que Vincent de Paul et Louise de Marillac font de leur propre expérience baptismale. C'est à partir de cette relecture qu’ils découvrent et assument leur mission de servir le Christ dans les pauvres. Ce sera une expérience vive et profonde avec la personne de Jésus-Christ qui les a fait capables de rayonner la joie de l'avoir rencontré et Le découvrir dans la personne des pauvres et marginalisés de la société de son temps. Depuis lors et jusqu'à maintenant, ce charisme unit hommes et femmes de nombreux pays et s'exprime à travers une grande diversité culturelle.

Vincent de Paul et Louise de Marillac croyaient profondément au pouvoir de transformation des laïcs dans l'Eglise et dans le monde quand ils prennent conscience de l'appel à vivre la profondeur de leur baptême et se décident à vivre en communion la mission à laquelle ils ont été appelé.

Pendant plus de trois siècles, l'Église a bénéficié de l'immense richesse apporté par beaucoup de laïcs qui ont pris au sérieux leur baptême et se sont engagés à proclamer la bonne nouvelle du royaume aux pauvres, essayant de rendre présent le royaume à partir de leurs attitudes concrètes d’humilité, de simplicité et de charité.

Ce charisme est exprimé dans l'ici et maintenant de chaque période historique. Aujourd'hui, nous pouvons dire que nous ne vivons pas dans une période de changement, mais un changement de temps où l'un des principaux problèmes de la société est le manque de leadership qui génère la crédibilité, l'affirmation de soi, la nécessité de vivre les valeurs promouvoir la liberté et la poursuite de la vérité, la capacité de vivre non seulement de la raison, mais où une vie plus digne, où l'intégrité de la personne est la chose la plus importante.

Le document d'Aparecida dit tous les horizons de la vie de nos peuples sont influencés dans cette ère de la globalisation: «La culture, l'économie, la politique, les sciences, l'éducation, le sport, les arts et bien sûr le la religion." L'intérêt de l'église est de discerner l'impact de cette nouvelle ère dans la dimension religieuse et éthique de ceux qui cherchent Dieu, parce que «sans une claire perception du mystère de Dieu, le désir amoureux et paternel d’une vie digne pour tous les êtres humains se rend opaque".

Le chrétien et plus précisément le laïc vincentien vit dans un monde très mouvementée par différentes pensées, il est soumis à des idées qui arrivent tous les jours à partir de diverses sources et souvent ces idées sont contradictoires et très éloignées du message de l'Evangile. Dans ce contexte, il n'est pas toujours facile de prendre conscience de la présence de Dieu dans les différentes réalités du monde et de l'histoire personnelle et d'accepter cette présence qui donne un sens à ce qui est, se fait, s’accepte, se supporte, ce qui donne un sens à l’espoir. La Spiritualité vincentienne se développe dans le monde et cherche sa transformation à partir des principes de la foi chrétienne et non d'une certaine idéologie sociale ou politique.

Le Pape François déclare: «Les laïcs sont tout simplement la grande majorité du peuple de Dieu. La minorité des ministres ordonnés, est à votre service. La conscience de l'identité des laïcs dans l'Eglise a grandi. Il faut dès à présent compter avec un assez grand nombre de laïcs, avec un fort sentiment de communauté et un engagement à la fidélité dans la charité, la catéchèse, la célébration de la foi. Mais la prise de conscience de cette responsabilité qui nait du Baptême et de la Confirmation ne se manifeste pas de la même manière partout. Dans certains cas, parce qu'ils ne se sont pas formés pour assumer des responsabilités importantes, dans d'autres pour ne pas trouver l’espace de parler et d'agir dans leurs Églises particulières, à la suite d’un cléricalisme excessif qui reste en dehors des décisions. Si bien qu’il est perçue une plus grande participation dans les ministères laïcaux, ce compromis ne se traduit pas dans la pénétration des valeurs chrétiennes dans le monde social, politique et économique. Il se limite très souvent aux tâches intra-ecclésiales, sans un réel engagement dans l'application de l'Evangile pour transformer la société.

Par conséquent, c’est un défi pour l'Eglise et pour la JMV d’aider de nombreux laïcs à prendre conscience de leur baptême, qui les identifie avec l'Évangile du Seigneur Jésus, et les rend responsables dans leurs réalités, compétents et conscients de rendre un témoignage Chrétien, en un mot, accompagner les laïcs pour que la proclamation de la Bonne Nouvelles de Jésus-Christ soit celle là qui donne un sens à leur vie et leur mission. Le Pape dit:

«En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire (cf. Mt 28,19). Chaque baptisé, quelle que soit son rôle dans l'Église et le degré d'illustration de sa foi, est un agent de l'évangélisateur, et il serait inapproprié de penser à un plan d'évangélisation où les fidèles ne sont que réceptifs. La nouvelle évangélisation doit impliquer un nouveau rôle de chaque baptisé ” [37].

La situation dans le monde, la situation ecclésiale, qui peut être perçue aussi à la JMV nécessite la collaboration de tous. Dans les continents avec une forte présence chrétienne nous avons eu une église de masse et pour la masse. La foi de l'initiation chrétienne est très faible. La plupart des chrétiens n'ont pratiquement aucun sens de l'appartenance ecclésiale. Le témoignage et le leadership des chrétiens dans la vie sociale est très élémentaire. Il ne s’est pas développé un vrai christianisme au milieu d’une société de conflits, de problèmes, et une culture de la réponse aux valeurs chrétiennes. Il ya rupture entre la foi et la vie.

À l'heure actuelle, le postmodernisme nécessite de nouvelles réponses de tous les baptisés, le conseiller laïc, en réponse à son baptême est invité à être le sel et la lumière, à être le levain dans les différents domaines de la société: culturel, social, économique, politique, encourager avec un esprit évangélique, le monde dans lequel nous vivons avec une option spécifique pour les pauvres en offrant un service tangible et spirituelle.

Dans la vie quotidienne des jeunes, dans la famille, à l'école, dans l'environnement laboral pour ceux qui exercent, avec les amis, c'est là que se concrétise l'expérience de la foi et se vit l'identité chrétienne et l'identité vincentienne. C'est un défi pour les jeunes de la JMV, vivre cette dimension de leur témoignage dans les différents milieux dans lesquels ils s’expriment. Il n’est pas possible que la culture capitaliste - néolibérale absorbe les jeunes chrétiens dans sa toile de l'individualisme et du commerce débridé.

Le croyant, homme ou femme, doit être une personne contemplative, mais, il doit s’agir d’une contemplation qui provoque un regard sur le monde et transforme la douleur et la souffrance de nos frères en prière et contemplation38.


LE CONSEILLER LAÏC À LA JMV

Traditionnellement, le rôle de conseiller et de conseillère était assuré par des prêtres de la Congrégation de la Mission et les sœurs Filles de la Charité, cependant, cette responsabilité peut également être exercée par un adulte chrétien, appelé par Dieu à exercer ce ministère d'accompagnement dans l'éducation de la foi des jeunes qui continuent leur processus de formation dans l'association. Elle peut être également exercée par une personne liée à la famille vincentienne formés pour effectuer ce service.

Dans le document Rôle et tâches du conseiller à la JMV, il est mentionné cette possibilité à condition que se soit: «avec l'approbation de l'autorité, du centre ou le groupe a son siège social et suit les normes établies par les statuts internationaux et nationaux38"

Un élément clé que doit prendre en considération les conseils nationaux concernant les laïcs conseillers, déjà que les processus de formation et de Débouchées à la JMV le détaille en profondeur est sans aucun doute la formation.

«Pour remplir sa mission avec la responsabilité personnelle, les laïcs ont besoin d'une formation doctrinale solide, spirituelle, pastorale, d'un accompagnement adapté à témoigner du Christ et les valeurs du Royaume dans le domaine de la vie sociale, œcuménique, politique et culturel39."

La formation des conseillers laïcs implique une pédagogie qui mène à une véritable expérience de Dieu; une expérience unificatrice de la vie. Une formation qui les dispose à connaître et expérimenter l'amour de Dieu; à croire en l'amour qui ne change pas et ne finit pas; à savourer l’amour personnel, libre et profond de Dieu. Un processus éducatif qui leur apprend à se laisser aimer par Dieu; à accepter avec joie l'amour de Dieu et à assumer la mission d’accompagnement.

Le but ultime de la formation est de montrer la beauté d'une vie de foi et aider à faire une fondation solide. La Parole de Dieu, l'Eucharistie, la vie sacramentelle, la prière et le souci des pauvres devrait être le point central dans la vie de conseillers dès le début de leur service.

Il faut dire qu’il est très important que le conseiller laïc dans son processus de formation arrive à "développer et vivre un projet de vie personnel et avoir un accompagnement spirituel d'un adulte dans la foi comme un moyen d'intégrer les différentes dimensions de sa personne et de prendre des mesures fermes dans son processus de préparation38" sur son chemin de conversion à devenir disciple et missionnaire de Jésus.

C'est à partir de l'expérience de l'appui et de la formation de conseiller laïcs qui permettra aux jeunes de découvrir Jésus-Christ, sa personne, son message, sa mission, et de la main de Marie offrir aux jeunes l'occasion d’une rencontre personnelle avec le Christ vivant et ressuscité, de sorte qu'ils puissent expérimenter que «Là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d'eux» (Mt 18,20). L'objectif est que chaque jeune opte personnellement de croire, vivre, proclamer et célébrer Jésus-Christ vivant et présent dans la communauté des croyants.

Par conséquent, au Conseil National et de manière directe aux conseillers nationaux favoriser des espaces pour matérialiser cette formation des conseillers laïcs, le dialogue, la prière, l'organisation, l'unification des critères et de l'évaluation à la tâche de Conseiller.

Nomination du conseiller laïc:

Considérons d'abord que les membres du centre local après avoir dialogué entre eux et avec ceux qu’ils croient pouvoir servir comme conseiller, présentent au Conseil national de la JMV une liste des noms des candidats et un aperçu de leur parcours dans l’Association ou dans un autre mouvement ecclésial.

Dans le cas d'un conseiller laïc pour un diocèse c’est le coordinateur diocésain après avoir recueilli les points de vue et décisions des coordinateurs des centres locaux à sa charge qui présente la décision finale au Conseil national.

Le Conseil national après un processus de discernement et de dialogue entre les parties prenantes et les concernés nomme le nouveau conseiller laïc. Il revient au Conseil national de confirmer cette nomination auprès de l’autorité de la localité.

La nomination du conseiller laïc doit avoir une durée déterminée. Soit un mandat de trois ans renouvelable. En cas d’empêchement dans l’exercice de la fonction, ou d’être l’objet d’un scandale au sein l'église et/ou au sein de la société il sera nécessaire de retirer la nomination.

Fonctions du conseiller laïc:

  • Maintenir une communication constante avec le Conseil national de la JMV pour notifier la marche de l'Association.
  • Maintenir une communication constante avec les coordonnateurs des groupes et avec les conseils respectifs.
  • En collaboration avec les conseillers nationaux, promouvoir et encourager des espaces de formation complète pour toutes les étapes de la formation.
  • Rechercher la collaboration entre les coordonnateurs et les autres conseils de moyens nouveaux et créatifs pour intégrer de nouveaux membres à la JMV
  • Rechercher l'intégration du groupe à sa charge avec les différents groupes de la Famille vincentienne et de la société, en particulier ceux qui travaillent pour le compte de la jeunesse et les plus démunis de la société.
  • Favoriser l'intégration des programmes de formation dans les projets pastoraux diocésains et paroissiaux.
  • Trouver des espaces et/ou des services spécifiques où les jeunes peuvent vivre leur engagement chrétien, le style vincentien, c'est à dire d'une manière organisée, et depuis un projet de changement systémique.
  • Promouvoir des moments pour l'accompagnement personnel des jeunes, ce qui aidera dans le développement de leur projet personnel et à découvrir leur vocation à une option particulier du service vincentien.
  • Maintenir une formation continue, l'approfondissement de la spiritualité propre de l'association, des documents de l'église et les thèmes actuels liés à la réalité des jeunes.


CONCLUSION

En conclusion, sans penser que le sujet soit épuisé, nous pouvons dire que tout conseiller laïc de la JMV au début de ce service nécessite, d'abord, un espace pour se rencontrer, réfléchir et intérioriser sa propre expérience de rencontre et de marche aux côtés de Jésus. Deuxièmement, à la lumière de son engagement ecclésial et à la suite de Jésus-Christ poursuivre la mission à laquelle l'Association JMV l’envoie en tant que conseiller.

Répondre aux besoins actuels des jeunes qui viennent à nos centres, et à l'Église, à prendre au sérieux à la fois les processus, les itinéraires de formation, l'auto-formation. L’accompagnement des jeunes à la JMV implique un processus graduel, continu, de réciprocité et consensuel afin que les jeunes assument les valeurs de l'Évangile dans leur vie, et à partir de là vivre l'identité vincentienne de ce moment historique; mais ce processus de transformation nécessite un long parcours, qui est plein de difficultés, car il implique la transformation intérieure.

Les jeunes d'aujourd'hui viennent souvent avec des expériences négatives, des plaies profondes, mais aussi avec un profond désir de connaître et de répondre à l'appel du Seigneur Jésus, d'où l'importance de fournir le soutien le plus complet possible, où chaque aspect sera développé et le mènera, à vivre à grandir à la suite de Jésus.

L'expérience personnelle avec Jésus-Christ n'est pas une théorie, une connaissance abstraite38. Il s'agit d'un événement qui change nos vies. On a l'expérience d'être visé, remis principalement à Dieu. La profondeur de l'expérience ne vient pas de la connaissance, mais de l'amour39. Le conseiller peut percevoir les fruits de son accompagnement lorsque les jeunes expriment cette expérience de l'amour de Dieu par l’amour envers le prochain, en particulier les pauvres, les marginalisés et les exclus.

Quand Dieu donne une mission, il donne aussi la grâce d'aimer cette mission. Aimer notre mission de conseillers laïc; non pas parce qu’elle est facile, enrichissante ou brillante, mais parce que c'est la mission que Dieu nous a confié.

Vierge et Mère Marie, toi qui, mue par l’Esprit, as accueilli le Verbe de la vie dans la profondeur de ta foi humble, totalement abandonnée à l’Éternel, aide-nous à dire notre “oui” dans l’urgence, plus que jamais pressante, de faire retentir la Bonne Nouvelle de Jésus. Toi, remplie de la présence du Christ, tu as porté la joie à Jean-Baptiste, le faisant exulter dans le sein de sa mère. Toi, tressaillant de joie, tu as chanté les merveilles du Seigneur. Toi, qui es restée ferme près de la Croix avec une foi inébranlable et a reçu la joyeuse consolation de la résurrection, tu as réuni les disciples dans l’attente de l’Esprit 77

afin que naisse l’Église évangélisatrice. Obtiens-nous maintenant une nouvelle ardeur de ressuscités pour porter à tous l’Évangile de la vie qui triomphe de la mort. Donne-nous la sainte audace de chercher de nouvelles voies pour que parvienne à tous le don de la beauté qui ne se ternit pas. Toi, Vierge de l’écoute et de la contemplation, mère du bel amour, épouse des noces éternelles, intercède pour l’Église, dont tu es l’icône très pure, afin qu’elle ne s’enferme jamais et jamais se s’arrête dans sa passion pour instaurer le Royaume. Étoile de la nouvelle évangélisation, aide-nous à rayonner par le témoignage de la communion, du service, de la foi ardente et généreuse, de la justice et de l’amour pour les pauvres, pour que la joie de l’Évangile parvienne jusqu’aux confins de la terre et qu’aucune périphérie ne soit privée de sa lumière. Mère de l’Évangile vivant, source de joie pour les petits, prie pour nous. Amen. Alléluia!” [38].


NOTAS

[1] A partir d’ici, nous utiliserons les sigles JMV.

[2] Deus Caritas Est, n° 1.

[3] Publié par le Conseil International JMV en 2002.

[4] AL ANDAR SE HACE CAMINO…. El Arte de vivir el Presente, Carlos G. Valles, Ed. Sal Terrae, 1991, 248 pag.

[5] Papa Francisco (2013) Exhortation Apostolique EVANGELII GAUDIUM, N° 24.

[6] Cfr. EG, N° 24.

[7] APARECIDA, Document Final, n°. 271.

[8] EG, N° 1.

[9] EG, N° 9.

[10] Document d’Aparecida, N° 247.

[11] DA, N° 247.

[12] EG, N° 87.

[13] EG, N° 88.

[14] APARECIDA, Documento Conclusivo, N° 156.

[15] EG, N° 2.

[16] COSTE. SVP, XI, 387.

[17] José Antonio Pagola. “JESUS, Aproximación Histórica”, Ed. PPC, 2013, p. 574

[18] Idem.

[19] APARECIDA, Document Final, Conférence Générale de l’Episcopat Latino-américain et des Caraïbes, n° 245.

[20] BENOÎT XVI, Discours après la prière du Saint Rosaire au Sanctuaire de Notre-Dame d’Aparecida, 12 mai 2007.

[21] APARECIDA, nº 250ss.

[22] EVANGELII GAUDIUM, N° 11.

[23] Pape Benoît XVI, DISCOURS D’INAUGURATION DE LA 5E CONFÉRENCE, APARECIDA, n°. 3.

[24] 1 Pe. 2, 9-10a

[25] LG N°.32

[26] LG N° 35

[27] AA N°18; AG N° 11

[28] AA N°3

[29] LG. N° 32

[30] Documents Conciliaires LG. Nros. 30. 37; APOSTOLICAM ACUOSITATEM,N° 25; PRESBYTERORUM ORDINIS, N°9; GAUDIUM ET SPES, N°9

[31] LG. N° 43; AA N° 5

[32] LG N° 38

[33] CFL N° 2

[34] CFL N° 9

[35] CFL N° 58

[36] Christifideles Laici N° 60

[37] EG N°120

[38] EG N° 288

REFERRENCES

APARECIDA. (2006) Documento Conclusivo. V Conferencia General del Episcopado Latinoamericano y del Caribe. México, Ediciones CEM, A.R. 263 pags.

DEUS CARITAS EST. (2006) Carta Encíclica del Santo Padre Benedicto XVI. México, Ediciones CEM, A.R. 59 pgs.

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JUVENTUD MARIANA VICENCIANA, MANUAL Y ESTATUTOS DE VENEZUELA.

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PAGOLA, José Antonio (2013) JESUS, Aproximación Histórica., Ed. PPC, 574 pgs

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